POMME DE TERRE

La culture de la pomme de terre (Solanum tuberosum) est appréciée dans le monde entier, l’une des raisons de sa popularité est qu’elle est facile à cultiver et peut être produite sous différentes conditions pédoclimatiques (De Jong, 2016). A l’état frais ou transformé, la pomme de terre contribue considérablement à l’alimentation humaine (Pawelzik et Möller, 2015), elle est même le fer de lance des politiques de sécurité alimentaire dans plusieurs pays en développement (Kolech et al., 2015).

La valeur nutritionnelle de la pomme de terre est fortement appréciée, les travaux en la matière ont démontré qu’elle est une excellente source de protéines ayant une haute valeur biologique, elle contient des quantités notables en vitamine C, en vitamine B6, en vitamine B3, en potassium, en phosphore, en magnésium et en fer (Andre et al., 2014). Selon la destination de la production, on peut segmenter le marché de la pomme de terre en trois segments :

  1. La pomme de terre semence ;
  2. La pomme de terre de consommation ;
  3. La pomme de terre destinée à la transformation industrielle.

La pomme de terre constitue une ressource financière des populations à l’échelle mondiale, avec une production annuelle d’environ 475 millions de tonnes, la pomme de terre est toujours considérée parmi les cultures les plus importantes dans le monde, en matière de volume de production. Sa culture occupe la quatrième place et vient juste derrière les productions de maïs, de riz et de blé ( FAO, 2021).

Au Sénégal, dans le secteur agricole, la filière pomme de terre compte parmi les cultures les plus dynamiques de l’horticulture et joue un rôle crucial, particulièrement dans les zones des Niayes (70 % de la production) qui bénéficie d’un climat frais et de sols sableux, idéaux pour une culture intensive, la Vallée du Fleuve Sénégal (25%), grâce à des projets d’irrigation pérenne comme le Projet d’Appui au Secteur Agricole (PASA) et le Bassin Arachidier (5 %) : Une production saisonnière liée à la saison des pluies, moins structurée mais complémentaire. Cette culture, à haute valeur ajoutée, représentent un levier stratégique pour le développement économique et occupe une place stratégique dans la sécurité alimentaire du Sénégal, alliant dynamisme agricole et défis structurels.

Avec une consommation annuelle de 120 000 tonnes, la pomme de terre est le deuxième produit horticole sénégalais, intégrée dans de nombreux plats traditionnels (ragoût, frites, etc.). La consommation moyenne par habitant s’élève à 16,2 kg/an (Niang et al., 2017), en hausse sous l’effet de l’urbanisation et des changements alimentaires. Les ménages urbains consomment jusqu’à 131 kg/an, dont 57 % de variétés locales (USAID, 2019). Les pommes de terre sont aussi transformées (chips, purée), et des initiatives encouragent des variétés climato-résistantes comme la « Sahel » pour renforcer l’autonomie du pays.

Entre 2017 et 2018, la production a progressé, passant de 118 000 à 150 000 tonnes, notamment dans les zones des Niayes et la Vallée du fleuve Sénégal (Mbane / Swami-Agri). Cette croissance résulte d’une augmentation massive des subventions publiques pour les semences : de 130 millions de CFA (500 tonnes) en 2013 à 3,4 milliards de CFA (10 444 tonnes) en 2018 (ISRA, 2021).

Entre 2021 et 2022, la production a chuté de 2,2 % (à 140 500 tonnes), en raison des impacts de la COVID-19, de la réduction des surfaces cultivées, du coût élevé des semences et des difficultés d’accès aux engrais (ISRA, 2023). Cette production reste insuffisante pour couvrir la demande, notamment en périodes de soudure. Le Sénégal importe ainsi 70 000 tonnes/an (ANSD, 2021), principalement d’Europe (Pays-Bas, France, Belgique) et d’Afrique (Maroc, Égypte), destinées aux villes et aux industries de transformation.
Les récoltes principales s’étendent de décembre à mars, période clé pour approvisionner le marché local et limiter les importations.

L’Agence de Régulation des Marchés (ARM) : Pilier de la Stabilisation du Marché de la pomme de terre de consommation

L’Agence de Régulation des Marchés (ARM) a mis en place plusieurs mécanismes pour réguler la filière pomme de terre, visant à stabiliser les prix, sécuriser l’approvisionnement et protéger à la fois les producteurs et les consommateurs. Voici les principaux dispositifs :

  1. Fixation de prix planchers et plafonds: L’ARM établit des prix de référence pour éviter la spéculation. Le prix plancher protège les producteurs contre les baisses excessives en période de surproduction, tandis que le prix plafond limite l’inflation abusive en période de pénurie.
  2. Création de stocks tampons: L’ARM encourage le stockage stratégique d’oignons dans des entrepôts réfrigérés (comme ceux de la Swmi-Agri) pour lisser l’offre entre les périodes d’abondance et de soudure.
  3. Restriction des importations: En période de récolte locale, l’ARM gèle les importations pour protéger les producteurs sénégalais de la concurrence étrangère
  4. Interdiction d’exporter en période critique: Pour éviter les pénuries locales, les exportations peuvent être suspendues temporairement.
  5. Contrôle des intermédiaires: L’ARM surveille les pratiques des grossistes et détaillants pour éviter l’accumulation frauduleuse de stocks ou la surfacturation
  6. Plateformes d’information en temps réel: Un système de suivi des prix (comme le Système d’Information sur les Marchés Agricoles, SIMA) informe les acteurs sur les cours et les stocks disponibles.