OIGNON

  • Présentation et analyse de la situation de la filière oignon au Sénégal

L’oignon (Allium cepa) est une plante bisannuelle de la famille des Liliacées, cultivée principalement pour ses bulbes. Son cycle de culture varie de 120 à 160 jours selon les variétés. À maturité, il produit un bulbe rond, épais ou aplati, de couleur généralement blanche ou violette. Pour une croissance optimale, l’oignon préfère les sols légers (sableux-argileux ou sableux-limoneux), riches en matière organique et bien drainés. Il apprécie un pH compris entre 5,5 et 7,5 et ne tolère ni l’acidité excessive ni la salinité.

Bien qu’exigeant en termes de conditions de culture, l’oignon connaît une croissance significative de sa production en Afrique subsaharienne depuis les deux dernières décennies (Cathala et al., 2003 ; Adam 2015). Au Sénégal, il s’agit d’une culture stratégique dans le secteur horticole, occupant la première place des cultures maraîchères et représentant 32% du volume total selon les données de la Direction de l’Horticulture. En effet, entre 2003 et 2012, la production a connu une croissance exponentielle, passant de 70 000 (2003) à plus de 230 000 tonnes (2012). Cette tendance s’est poursuivie, avec un pic historique de 393 225 tonnes atteint en 2016.

Les principales zones de production au Sénégal sont les Niayes et la vallée du fleuve Sénégal, où les conditions climatiques et pédologiques sont particulièrement favorables à cette culture. La production d’oignon au Sénégal se répartit sur deux saisons : la contre-saison froide (CSF) et la contre-saison chaude (CSC), chacune nécessitant l’utilisation de variétés adaptées. Selon les dernières estimations de la FAO (FAOSTAT, 2021), la production sénégalaise d’oignon a atteint 444 871 tonnes en 2018/2019, confirmant ainsi le statut de l’oignon comme première culture maraîchère du pays.

Malgré cette croissance remarquable, la production locale ne suffit pas à couvrir l’intégralité de la demande nationale en raison de sa saisonnalité et des difficultés de conservation. Par conséquent, le Sénégal importe chaque année entre 60 000 et 80 000 tonnes d’oignons. Afin de soutenir la production locale, une période de gel des importations, d’une durée de huit mois, est instaurée chaque année. Cependant, des excédents récurrents persistent en raison de la concurrence des oignons importés, qui bénéficient d’une meilleure conservation et d’une présentation plus attrayante.

Ainsi, le mécanisme de régulation adopté par l’ARM se base principalement sur l’information et la concertation.

Les débuts de la régulation de l’offre d’oignons et de la sécurisation du marché avec la création de l’Agence de Régulation des Marchés par décret en 2002.

Au début de l’année 2003, l’une des premières actions de l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) a été la mise en place d’un cadre de concertation national regroupant tous les acteurs du secteur. Son objectif était d’apporter des solutions collégiales pour empêcher la poursuite de l’augmentation des importations (1,18 fois la production locale). Dans ce contexte, les échanges ont abouti à l’adoption d’une procédure de gel des importations pendant les périodes de production. La procédure de gel est entrée en vigueur à partir de 2004 suite à une brusque augmentation des importations et à une forte déflation du prix de l’oignon (Sow, 2006 ; Wade & Ndiaye, 2009). Actuellement, les acteurs du secteur fixent les périodes de production et les périodes de gel lors des concertations organisées avant chaque campagne.

Il est à noter que malgré les premières périodes de gel entre juillet et septembre 2004, la tendance à la hausse des importations s’est poursuivie. Le contournement de la procédure de gel par la constitution de stocks de réserve d’oignons importés avant les périodes de gel a entraîné la présence simultanée sur le marché d’oignons locaux et d’oignons importés.

En réalité, cette mesure n’a pas eu l’effet escompté, et les importations ont atteint un pic en 2005. Pour remédier à ces lacunes, des mesures supplémentaires ont été prises en 2005 par les autorités pour réguler le marché de l’oignon. Elles consistaient principalement à obtenir des procès-verbaux d’inspection de la Direction de la Protection des Végétaux (DPV) et des déclarations d’importation délivrées par la Direction du Commerce Intérieur (DCI), et à faciliter les licences aux importateurs respectant l’obligation de commercialiser l’oignon local et l’interdiction de cession de ces licences. Ces mesures ont été efficaces à partir de 2007, année où la production a de nouveau dépassé les importations.

À partir de 2012, la production d’oignons a commencé à se développer à un rythme relativement rapide sans réel impact sur le niveau des importations, qui restent stables et se situent autour de 120 000 tonnes depuis 2011.

Malgré une augmentation de la période de gel de 3 mois à son début en 2004 à 7 mois en 2009, on n’a observé qu’une légère diminution des importations due principalement à un meilleur contrôle du calendrier cultural (étalement de la production de 5 mois sur 12 à 7 mois sur 12) et à la production de bulbes de qualité capables de résister à la concurrence des oignons importés.

Constatant les limites de la procédure de gel, il est apparu nécessaire de renforcer cette mesure par une intervention de l’État et des différents acteurs de la chaîne de valeur pour une régulation des prix.

Tentative de Régulation du Marché par une Politique de Prix

Afin de stabiliser le marché, un tableau de prix recommandé est établi par toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur avant chaque campagne de commercialisation. Ce tableau de prix recommandé est de deux types : un prix producteur au niveau de la ferme et un prix consommateur appliqué sur les lieux de commercialisation.

L’organisation saisonnière des marchés d’oignon au Sénégal : un dispositif piloté par l’ARM dans la régulation des importations d’oignon

Afin de réguler l’offre et la demande sur le marché de l’oignon, l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) a mis en place un dispositif spécifique. Ainsi, l’approvisionnement des marchés sénégalais connaît deux phases annuelles d’abondance en oignon. La première va de mars à mai avec la présence sur les marchés d’oignons provenant à la fois des Niayes et de la Vallée. La seconde va de juillet à septembre et coïncide avec la deuxième période de récolte dans la majeure partie de la zone des Niayes. Cette organisation, soutenue par l’ARM, permet de lisser l’approvisionnement tout au long de l’année et de limiter les fluctuations de prix.

Ainsi, les importations sont couvertes à partir du mois de juillet jusqu’au premier trimestre de l’année suivante pour renforcer l’approvisionnement du marché après que les producteurs locaux ont épuisé une partie de leurs stocks.

Le principal pourvoyeur d’oignons pour le Sénégal est Hollande avec 92% des importations, soit 143 657 tonnes en 2021.